16 mai 2010

Quelques secondes se suspendent telles les éternelles torches de l'humanité. Puis: plus rien, ou un silence cristallisé. Elle sourit...

De mes quelques années de piano, j'y ai appris une soif infinie de liberté, de frottement charnel pendu entre le oui racé et le "je ne sais pas" d'une note prochaine. Lorsque Martha Argerich libère ses sortilèges à Lugano, elle ne joue plus mais libre. Sa liberté n'est pas arrogante: elle est force et délicatesse. Elle est son volant. C'est là toute la vraie préciosité de la sensibilité. L'âme s'ouvre au monde comme une fleur attendant la rosée du matin: et de la rencontre naitra l'éclat. Toute liberté impose discipline. Sans restriction point de jouissance. Lorsque la liberté émane des touches du clavier, ce ne sont plus les froideurs et craintes d'un enfant doutant de lui-mêmes, mais la jouissance d'une âme toute entière maîtresse de son destin.

Qu'y-a-t-il après la mort? La liberté de l'âme ayant bu sans soif aucune. Etre libre, voilà le germe premier, la fleur sauvage de l'amour. Et de l'amour, il y a arrêt de comédie.

Et des moutons nous deviendrons des lions.

30 avril 2010

Le nombril des poissons rouges

Un doux réveil qui tranche avec une soirée Rock en perspective au mythique Bus Palladium avec la bande de L et la bande de C. Les fesses vont bouger sous la mécanique des sons courts et efficaces des BMM.

Caresse déposée furtivement sur le nombril de M ce matin: n'ai-je caressé son nombril avant? Un petit trou de chair qui nous rappelle que nous étions tous un jour dépendants d'un autre corps. C'est quand même bizarre ce sentiment d'avoir "appartenu" 9 mois durant à quelqu'un et qu'au bout de 9 mois+1 jour, le lien est coupé cliniquement, nous laissant rescapés d'un grand bleu. Quand on y pense: le nombril est la seule preuve ambulante que notre vie est création, que nous avions été avant d'être ce que nous sommes(Sartre, si tu es avec nous...). Le nombril ou le départ d'une histoire. Je n'ai pas demandé à venir au monde et pourtant mon nombril me rappelle que j'ai été. La volonté de vivre vient en vivant.

Et puis ce sont les images des poissons rouges qui me sont venus à l'esprit: petite, maman m'en acheté et ils mourraient tous. Trop de bouffe. Je donnais, comme ça, à la pelle les graines pour poissons, à chaque passage devant l'aquarium. Au bout de quelques jours, les poissons flottaient sur l'eau. Mes premiers souvenirs de la mort. Et moi, qui ai eu la naiveté de penser qu'ils faisaient la sieste après un bon repas, comme moi. Ils sont morts d'obésité en fait. Un crime quand on sait que les poissons rouges, comme les labradors enfants, mangent tout ce que leur maître donne, sans limite aucune. L'appétit vient en mangeant.

Alors au fond, les poissons rouges et le nombril que nous portons tous comme une marque oubliée disent quelques vérités: l'absence de volonté conduit à la mort, le cri de la vie replace toutes les appartenances, les plus primitives, les plus claniques. La liberté se trouverait dans un "non", mais un non affirmatif à la vie. A l'instar du rire, le non est une autre marque de notre volonté de vivre. Ne pas savoir le dire nous réduit en bête, en poisson mourant. Paroles d'animal ayant un nombril.

29 avril 2010

Rocks Off



Il y a quelques de puissant comme les bulles du Temps contenu dans une bouteille de champagne millésimé. Les Immortels sont jeunes et au sommet de leur gloire. les images en noir et blanc m'émeuvent, mais plus que ça, c'est vraiment la conscience que le rock & roll est une musique qui rend jeune, qui rend l'énergie que le monde dingue me prend... La musique sauve l'âme et je ne suis pas la dernière à dire une banalité pareille!

27 avril 2010

We'll walk the line

Ce fut une soirée calme et chaude. Il me regarde toujours intensément. Nous avions parlé, longtemps, comme au premier jour de notre rencontre. Il dit que je suis sa muse, sa lumière, son ange, la femme de ses vies. Je me surprends à être, toujours et encore, timide devant ces mots peu timides.

Puis le début du film: Walk the line. Le récit sur l'histoire amoureuse de June Carter et de Johnny Cash. Nous avions les yeux mouillés, le souffle retenu: lui, de ses bras, m'a entourée de tendresse durant deux heures. Je sens sa respiration, le glissement de ses larmes pudiques.

Quelque chose de légendaire et de tellement humain s'écrit alors sur les pages de notre vie commune: une vie habitée de projets et d'intimité, de chaleur et d'espièglerie. De nos disputes, aussi surprenant que cela puisse être, nous retenons le calme après la tempête. Je suis nue devant lui et n'ai pas peur d'avoir froid. Pour lui, par amour pour lui.

Il dit que je suis belle. Sait-il seulement qu'il est mon avenir écrit des vies antérieures?

Golden Star

26 avril 2010

Délice d'inclinaison


Cou de cygne qui soulage un monde de signes
Le monde me doit de la beauté
Et de la lumière au bout des songes
De la joie jaillissent nos sourires refoulés
Avançons toujours les yeux grandement ouverts

22 avril 2010

Quelques ailes

C'est souvent de manière inattendue que nous renouons avec nous-mêmes, au plus près de nos facettes multiples, de nos rêveries justes.

En lisant les anciens écrits de mon fiancé ce matin, je me suis soudainement rendue compte que les choses sont limpides. C'est comme écrire une simple mélodie pour une fille compliquée.

C'est difficile d'être bon, d'être la personne que tout le monde attend. Parfois, je n'ai pas envie de faire des efforts, juste envie de glisser sur moi-même, ne pas faire de vagues. Mais voilà que le Temps n'est pas seulement un tiroir chargé de saisons. La valeur du Temps me réveille un jour clair et sans doute sous l'effet de la mélodie intérieure résonnent encore les échos de mon enfance floue pourtant sucrée...

Du printemps je retiens la vigueur des bourgeons volontairs, sortis de leur pudeur et ouverts au matin mouillé. Alors je me dis que moi aussi je suis un peu une chenille, lente et sûre, cherchant le fil de sa tige cristalline.

21 avril 2010

Fuite

Il y a des jours comme aujourd'hui où la couleur n'a pas de couleur, la lumière sombre et les rues trop bruyantes.
Il y a des jours comme ça où je n'ai envie que d'amour et d'eau fraîche, mais les circonstances n'en font qu'à leur tête.
Il y a des jours meilleurs dans le passé, mais le passé ricarne du présent et l'avenir est trop timide pour prendre le dessus des humeurs.
Il y a des jours comme ça où les roses fânent plus vite, où la musique manque d'accords, où les enfants oublient leur gentillesse.

Il y a un temps pour tout.
Et parfois, il est urgent d'attendre.